Passages
Parfois, la lumière incidente révèle une surface, un détail qui devient un univers en soi. Je viens m’exposer à ces rayons étranges qui paraissent d’un autre monde.
Volontairement je coupe tout repère, ligne d’horizon, détail qui pourrait donner l’échelle ou permettre d’identifier la « réalité » photographiée, laissant place à l’imaginaire, au rêve.
Et soudain le dialogue nait entre cette lumière et la matière.
Ce soir-là, la plage ne m’inspirait pas. Le coucher du soleil, fascinant comme toujours me semblait du déjà-vu.
Puis je me suis penchée et voici le résultat d’images qui semblent d’un autre monde.
J’ai fait comme Ernst Haas sortant dans un parc à Vienne après la pluie tombée, regardait les reflets des arbres dans les flaque. Fermant un œil pour concentrer son regard, il rapporte : « je fus transformé sans m’en rendre compte en photographe, éborgné volontaire». Et le hasard veut qu’un accident m’a rendu borgne pendant de 15 ans !
Ce fut là son entrée dans le monde des photographes. Mon « regard » de photographe s’est sans doute forgé très jeune. Comme certains, je prenais plaisir, très jeune, à inventer des formes dans les nuages, à voir des personnages imaginaires sur les carrelages ou la frisette du plafond de ma chambre. C’était les prémices...
Ce regard, m’a amené à percevoir le réel et l’irréel, l’infiniment grand à partir d’un élément de détail. Il n’y a aucun trucage ou filtrage dans mes images. Je capte des éléments sans les mettre en scène ou filtrer la lumière.
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